
Missa de Angelis (1994)
Durée : 20 mn Editeur : Editions Musicales Européennes *
18 voix, 2 cors et percussionsCréation |
20 novembre 1999 à Perpignan (Festival Aujourdhui Musiques) dir Daniel Tosi
Description |
1994 Missa de Angelis 18 voix 2 Cors Perc 20 mn Éditions Musicales Européennes
Commande de l'État pour l'ensemble vocal Michel Piquemal.
Création le 20 novembre 1999 à Perpignan dans le cadre du Festival Aujourd'hui Musiques, sous la direction de Daniel Tosi.
Texte de l'auteur:
La Missa de Angelis renoue sans conteste avec le motet plurilingual ( ou polyglotte ) en usage à la fin du Moyen-Age.
Ainsi le texte latin de la Messe , avec ses 5 parties traditionnelles, se mêle à ses propres traductions; chaque langue induit alors une accentuation, et donc une musique, particulières.
L'exemple très connu de l'Agnus Dei, qui devient tour à tour AGNEAU DE DIEU,
Heiliges Lamm ! , Holy lamb ! A gne llo di Di - - - - o !
est un des plus caractéristiques, par ses contrastes expressifs.
Les Anges, dont la nature, l'existence même ( sans parler du sexe.... ), ont généré des bibliothèques entières d'écrits théologiques, d'hypothèses ou d'exégèses, n'ont que rarement inspiré de textes vraiment poétiques... c'est pourquoi, à côté de quelques bribes de Baudelaire ou de Dante, je me suis surtout attaché à les invoquer par leurs noms, leurs vocables angéliques ou archangéliques, et même de jouer avec les mots en quelques calembours polyglottes...
Enfin, il arrive aux Anges de se mesurer aux puissances maléfiques, les démons, "anti-anges" qui essayent parfois de s'infiltrer en leur lumineuse compagnie...
L'idée m'a séduite de placer dans l'église, ou dans la salle, deux cors jouant de l'espace et de la distance, comme en plein air. Les percussions employées par ailleurs accentueront le caractère poly-liturgique ( cloches, peaux, vibraphone, tam-tam...)
Les choeurs sont écrits à 6 voix, pouvant se diviser parfois en 18 parties réelles.
La Missa de Angelis comporte 8 parties, dont les 5 traditionnelles de la messe latine:
-I- Praeludium , très bref , sorte d'anti-fanfare des anges de l'Apocalypse, qui annonceraient des bonnes nouvelles...
-II- Kyrie, en 3 parties, assez jubilatoire, ludique même dans les jeux de mots
(" vous Kyrie qui riez ailés,,,, lachenden Engel....)
-III- Gloria avec ritournelle des cors, qui alterne des épisodes très contrastés; entièrement conforme au texte latin, il se trouve interrompu par l'apparition d'un ange échappé de Dante; et l'Amen enlumine un mélange d'archanges.
-IV- Credo Ritmico
Résolument antiphonique. Deux groupes s'y répondent en scandant le credo latin, tandis que 4 solistes le proclament en Français; basé sur un ostinato de peaux, ce Credo se trouve bientôt le théâtre d'une lutte verbale sans merci avec tous les faux dieux; ainsi " Deum verum de Deo vero" se heurte à Zeus, Vishnu ou Quetzacoatl !
Ce credo, point culminant d'exaltation religieuse, renverse tout sur son passage en un "rap" final qui bouscule les idoles en une frénésie oecuménique ( fin sur Amen, Allah, Yahvé )
-V- Ludium: De Angelis
un beau texte grégorien, le "Angelis suis", donne naissance à une méditation harmonique sur les paroles de Baudelaire:
"C'est un Ange qui tient dans ses mains magnétiques
Le sommeil et le don des rêves extatiques"
-VI- Sanctus ( mélange d'anges )
Acclamation polyrythmique et polyglotte, qui intègre le crescendo de la préface, dont les paroles "inventées" ne sont en fait que l'emploi du renversement acoustique des mots latins ( Hosanna in excelsis / Sislex enia nazaoh )
-VII- Agnus Dei
il reprend la musique du Kyrie, en modifiant la conclusion ( Pace, Friede....)
-VIII- Postludium: vom Himmel kam der Engel Schaar
Cet extraordinaire choral de l'Orgelbüchlein de J.S. Bach m'a imposé l'image finale, en guise d'Alléluia: une cohorte innombrable d'Anges descendant et remontant une échelle infinie, reliant le Ciel et la Terre, comme le rêve de Jacob.