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Messe des ApĂ´tres(1978)

orgue, 12 voix d’Hommes, chśur d’enfants, percussion
Création    

16 juillet 1978 à Notre-Dame des Doms en Avignon par l’Ensemble Vocal d’Avignon, Lucienne Antonini, orgue et Dominique Probst, percussion, dir A Louvier (propre du 15ème dimanche après la pentecôte)

Description    

1978 Messe des Apôtres orgue, 12 voix d'hommes, perc 1 h env inédit

choeur d'enfants

Création le 16 7 78 à Notre-Dame des Doms en Avignon (messe dominicale de France-Culture) Ensemble vocal d'Avignon Lucienne Antonini, orgue; Dominique Probst, percussion dir AL

En juillet 1976, Alain Louvier entend la retransmission, depuis le Festival d'Avignon, de la messe de Renaud Gagneux, et reprend espoir, concernant la question épineuse de la musique liturgique post-conciliaire. Ayant reçu une éducation religieuse assez traditionnelle, Alain Louvier, qui a toujours déclaré être croyant, cesse de pratiquer au moment du Concile Vatican II, ne supportant plus l'effroyable médiocrité en usage dans les paroisses.

L'initiative de Guy Érismann, directeur de France-Culture, qui commande des messes pour le Festival d'Avignon, reçoit la bénédiction officielle du Vatican, mais se heurte à la démagogie de la langue vernaculaire, excuse de tous les amateurismes du clergé de base. De ce fait, certains créateurs, comme Maurice Ohana en 1977, restent fidèles à la messe en 5 parties traditionnelles, et en latin.

Louvier essaye de relever le défi du Français, et décide de "musicaliser" totalement la messe du jour, y compris le "propre" ( lectures qui changent chaque dimanche); il imagine alors de remplacer le missel du célébrant par sa propre partition, et se plie aux consignes du clergé: faire participer les fidèles, avec ... 1/4 d'heure de répétition avant l'office.

Heureusement, il y a Notre-Dame des Doms, avec sa galerie autour de la nef, où il place les 12 "apôtres" de l'ensemble vocal d'Avignon, emmené par le Père Georges Durand, fin lettré et musicologue; un choeur de jeunes enfants est situé dans le choeur, Alain Louvier lui-même, en aube blanche, dirige de l'autel à la fois l'organiste, les choristes surélevés, l'officiant, et un percussionniste.

DĂ©roulement de la "Messe des ApĂ´tres"

Accueil des fidèles : un joueur de tumbas joue devant le porche, et s'arrête 15" avant le premier coup de cloche, qui précède " le Seigneur soit avec vous"

Kyrie ("Seigneur, prends pitié"): le rythme Q E Q obstiné, joué par des clusters d'orgue, soutient cette invocation dans l'ordre officiant- apôtres-foule ( texte scandé-parlé ) , et s'enchaîne avec le

Gloria ("Gloire à Dieu au plus haut des Cieux"), où les 12 choristes s'interpellent au-dessus des fidèles, agitant des clochettes sur le "car toi seul est Saint"., toujours sur le même ostinato.

Propre du XVème Dimanche après la Pentecôte:

Lectures

- du Livre d'Isaïe (par le chef sur fond improvisé d'orgue)

- de l'Épître de St Paul ( l'orgue commente discrètement un matériau grégorien)

- de l'Évangile selon St Matthieu ( l'officiant raconte la parabole du semeur sur commentaire d'orgue et de percussion )

Ces textes sont reliés par un Alléluia chanté ( hauteurs libres ) par les choristes, les enfants ou la foule, et une paroissienne dit les oraisons intermédiaires.

... homélie... ( seul moment où le compositeur n'intervient pas! )

Credo ("Je crois en Dieu"): traité en antiphonie: alternativement officiant+ orgue dolce et Foule+ choeur+ percussion+ orgue ff; tout le texte est récité sur un mi recto-tono ; on note des effets spatiaux ( récits décalés ) et aussi des gestes liturgiques anciens revisités ( récit méditatif de l'orgue remplaçant la génuflexion du "Il s'est fait homme")

Prière Universelle ("O Dieu entend notre prière"): mélodie psalmodiée sur 2 notes, entrecoupé du Grégorien du jour vocalisé par les enfants.

Préface et Sanctus (" Saint, Saint, Saint!"): c'est le climax musical de la Messe: des chuintements, sifflements des choristes superposent des bribes de la Préface lue en crescendo par l'Officiant; puis les 3 acclamations de la Foule, en un immense cluster, donnent au mot "Saint" une certaine violence incantatoire, lui permettant ainsi d'échapper à toute équivoque d'homonymie; sur "le Ciel et la Terre sont remplis de ta gloire", tumulte total.

le Benedictus ("Béni soit celui qui vient...") est d'une simplicité évangélique: une voix d'enfant, "simple, douce et naïve" dit cette phrase, du sein de l'assemblée...

Un decrescendo, symétrique de la Préface, permet l'enchaînement avec la

Consécration ("Ceci est mon corps") : choix audacieux que de superposer aux paroles sacramentelles ( rythmées précisément) de l'officiant, une litanies de clusters tournants du choeur, et de remplacer les génuflexions dans le silence par un énorme crescendo de tam-tam et un accord fff de l'orgue. En d'autres temps, on aurait brûlé le compositeur!

Pater ("Notre Père qui es aux Cieux"): une psalmodie en mode de fa, sur tenue de la foule, qui se résout sur le chromatisme retourné do/ré/do# "mais délivre nous du mal"

Agnus Dei ("Agneau de Dieu, qui enlèves le péché du Monde"): Louvier imagine un Agnus tournant, chaque choriste tenant une syllabe, pendant que le prêtre et les enfants ( sur 3 notes!) dialoguent: bel effet de cluster de voix juvéniles sur "donne-nous la Paix": la partition sert de couverture au petit papier distribué aux fidèles: c'est une portée circulaire, comme au temps de l'Ars nova.

Communion: par définition un moment très variable en durée, rempli en général par une méditation de l'orgue.

C'est la partition la plus écrite de la Messe, le chef dirigeant par cercles de durée justement variable, commandant des séquences élastiques : mélange de tenues de voix d'enfants, de flûtes à bec ( hauteurs non imposées ) que jouent les choristes, chants d'oiseaux de l'orgue, polyphonie de clochettes; la Communion fuit peu à peu vers les sonorités célestes...

Procession : après la bénédiction et le "Ite missa est", les 12 "Apôtres" descendent avec clochettes, flûtes à bec et percussions; la procession part de l'autel, menée par le percussionniste jouant le rythme du Kyrie; suivent le prêtre, les enfants, le chef, et l'assemblée; à la création en Avignon, par un beau soleil de Provence, l'effet fut superbe, les cloches de Notre-Dame des Doms s'ajoutant à la procession qui sortait sur la place du Palais des Papes...

Alain Louvier, qui fut enfant de choeur (mais oui!), et dont l'oncle maternel était prêtre, a finalement théâtralisé la Messe (pour lui plus rite que prière) ; c'est sans doute la raison d'une réticence du clergé vis-à-vis d'une partition pourtant très réussie sur le plan de la simplicité d'exécution, et utilisant l'espace de l'église de manière imaginative.

La Messe des Apôtres a été redonnée 3 fois en Avignon:

- le 7 janvier 1979 ( propre de l'Épiphanie )

- le 15 juillet 1984 ( même propre du 15ème dimanche après la Pentecôte)

- le 15 avril 1990 ( propre de Pâques, avec grand chandelier pascal sur le victimae paschali laudes )

et aussi au Festival d'Art Sacré de Paris le 19 décembre 1982 ( propre de l'Avent )

7 janvier 1979 Ensemble Vocal dÂ’Avignon, Lucienne Antonini, orgue et Dominique Probst, percussion, dir A Louvier (propre de lÂ’Epiphanie)

19 décembre 1982 Saint Séverin Paris (Festival d’Art Sacré de Paris) dir A L (propre de l’Avent)

15 avril 1990 à Notre-Dame des Doms Avignon (propre de Pâques)