1972 Études pour Agresseurs clavecin et 11 cordes

(livre 5) (études 24 à 29)

 

Commande de l'État pour le 7ème Festival Estival de Paris

Création le 24 juillet 1972 à la Faculté de Droit de Paris par l'Ensemble Instrumental de France et Rafaël Puyana, clavecin, sous la direction du compositeur.

 

C'est le seul livre d'Études pour Agresseurs qui fasse appel à d'autres instruments que les claviers.

Le clavecin de Rafael Puyana comportait des pédales, les jeux de 16, 8 et 4 pieds au clavier inférieur ( d'où adaptation nécessaire lorsque l'oeuvre fut rejouée sur un Neupert avec 4 pieds au clavier supérieur) .

Autre innovation: l'amplification en quadriphonie du clavecin, la partition comportant une quadruple ligne de dynamiques à réaliser en direct, d'une manière assez virtuose ( réalisée à la création par Jean-Étienne Marie ).

 

Dernière partition écrite à la Villa Médicis, elle est très élaborée, fait largement appel au nombre d'or et à la série de Fibonacci qui le génère... ainsi les 6 études enchaînées durent 34, 55, 89, 144, 233 et 377 secondes, et sont séparées par des traits de clavecin tous jeux débranchés... la traduction en facteurs premiers des nombres produits par un "triangle de Fibonacci" donne naissance à des harmonies assez spectrales dans la 5ème étude.

La 6ème étude est très calculée, les cordes partant sur une complexité maximale ( total des 24 quarts de ton et tous modes de jeux ) et convergeant vers un pentatonisme simplement arco ff, pendant que le clavecin , parti de cadences simples " à la Machaut", s'ornemente et se complexifie...

Trois ans après le Livre 3, le clavecin est le grand vainqueur dans cette oeuvre très dense: après l'habituelle table des "agresseurs" commune aux 4 premiers livres, l'auteur indique: tous les ornements et agréments

à l'ancienne sont conformes à la nomenclature de D'Anglebert, sauf la suspension employée par Rameau...

Cette démarche, qui s'inscrit en droite ligne du Debussy de l'Étude pour les Agréments, provoque le voisinage cocasse des pincés et des tremblements avec les paumes agitées ou les avant-bras glissés! Quel hommage au clavecin, dont les sonorités, même avant l'amplification, sont d'un modernisme quasi élecro-acoustique, et d'une agressivité inouïe... les quelques clins d'oeil malicieux à Tchaikowski ou Beethoven sont totalement emportées dans l'élan rythmique général.

Il faudra attendre 1998 pour que Louvier donne au piano une oeuvre aussi brillamment concertante ( Météores )

 

Ecoute d'un extrait sur le site du CDMC